mardi 11 novembre 2008

Quand les gringos soutiennent Obama...

« Obama ! Obama ! », ne cesse de crier un chilien éméché tout en arrosant ses proches voisins de son fond de vin rouge. Arrivé dans ce bar américain par hasard, il semble en tout cas ne pas s’être trompé de poulain. Réunis dans ce quartier de Nunoa, une centaine de jeunes américains en transit au Chili sont venus assister à la soirée électorale, et tous supportent le candidat démocrate.

De nombreux jeunes supporters, faute de place à l’intérieur du bar, restent dehors et regardent l’écran géant par les différentes fenêtres grandes ouvertes. C’est le cas de John qui travaille depuis trois mois à l’hôtel Marriott de Santiago. « Je n’ai pas la télé dans mon appartement et celle-ci est immense», affirme-t-il, tout sourire, pour justifier sa présence. Même son de cloche chez Nichell, étudiante pour six mois dans la capitale chilienne. Monica, elle, souhaitait réellement vivre « ce moment unique » avec « beaucoup d’autres américains et dans une ambiance de fête ». Quant à Emma, elle explique qu’elle vient souvent ici car « l’ambiance est vraiment sympa ! ». « C’est mon “QG“ ! », ajoute-t-elle. Ce bar, connu de la communauté américaine, était « le lieu idéal pour tous se rassembler en ce jour de changement », conclut John. Pour lui, il n’y a pas le moindre doute possible : « Obama va gagner ».

Il est 20h et les esprits commencent à s’échauffer au sein de cette place forte états-unienne non loin du centre de Santiago. Les jeunes américains, étudiants en échange au Chili pour la plupart, ne font pas mystère de leur choix : ils scandent des slogans à l’annonce, par le présentateur de CNN, du nom d’Obama, et sifflent quand le journaliste évoque McCain. D’après US Today/MTV/Gallup Poll, 61% des jeunes américains entre 18 et 29 ans voulaient voir élu le candidat démocrate, contre 35% pour McCain. Mais dans ce petit bar santiaguino, le soutien à Barack Obama est beaucoup plus important : la grande majorité de ces jeunes viennent de Californie, Etat profondément ancré démocrate. « McCain ? Cela reviendrait à réélire Bush ! », s’exclame Monica. « Sa politique de santé et son entêtement en Irak seraient désastreux pour notre pays», précise-t-elle tout en affirmant que ces deux thèmes lui sont chers. De plus, Sarah Palin semble faire figure d’épouvantail auprès des femmes. « Je ne peux pas la supporter », explique Nichell avec une mine de dégoût. « Comment peut-on dire qu’elle est la candidate des femmes ? Elle n’a pas du tout une politique tournée en ce sens ! », s’emporte Emma, rouge d’agacement.

Vers 21h, les premiers Etats tombent dans les escarcelles des deux candidats. Les victoires de McCain sont accueillies par des huées et celles d’Obama par des applaudissements appuyés. Pour l’instant, aucune surprise, chacun des deux prétendants à la Maison Blanche n’empochant que des Etats acquis à leur cause dès les premiers instants de la campagne. Le stress monte mais le paroxysme est encore bien loin. Les résultats des premiers "swing States", Etats qui feront l´élection en penchant d´un coté ou de l´autre, ne seront connus que dans plus d´une heure.

Autour de 22h30, Obama remporte l´Ohio. Des exclamations de joie se font entendre, mais beaucoup restent prudents. « J´espère vraiment qu´il va gagner mais préfère de pas crier victoire trop tôt. J´ai peur que l´élection de 2000 se répète », confie Monica. En effet, ce scrutin très disputé avait vu la victoire du républicain Georges W. Bush sur le démocrate Al Gore grâce au vote des grands électeurs, alors même que le candidat démocrate était arrivé en tête du suffrage universel. Puis, c´est au tour de la Floride, autre Etat clé, de tomber entre les mains démocrates. La victoire de McCain ne tient alors plus que du miracle.

Quand l´Ohio, bastion républicain, est remporté par Obama, l´enthousiasme monte d´un cran.


Cependant, ce n´est qu´à l´annonce, par le présentateur de CNN, de la victoire d´Obama, que la petite foule se déchaîne et laisse éclater sa joie. Applaudissements, cris, embrassades, danses improvisées avec ses voisins, sauts de joie sur les tables ou encore pleurs d´allégresse, chacun y va de son expression. « Il n´y a pas de mots pour décrire ce que je ressens ! », s´exclame Emma, cherchant de l´oxygène entre deux sanglots retenus. Et de poursuivre : « Je suis jalouse de mon frère ! Il est à Chicago en ce moment ! Il va voir Obama faire son discours alors que moi je ne suis même pas dans mon pays pour assister à cet événement historique ! ».

El Huevón

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